« Joignez l’acte à la parole », disent les citoyens aux États parties à la Convention de l’Union africaine contre la corruption.
Le 15 décembre 2016, à Arusha, à l'occasion de la célébration mondiale de la Journée internationale de la lutte contre la corruption, plus de 75 personnes représentant des mouvements sociaux africains, y compris les jeunes et les organisations religieuses, les organisations de la société civile, les milieux académiques et les institutions de recherche, les parlements, les gouvernements, les organes constitutionnels africains, le Conseil consultatif de l'Union africaine sur la corruption (CCUAC) et la Commission de l'Union africaine (CUA), se sont réunies à Arusha pour délibérer sur des questions liées à la corruption qui, selon elles, a atteint des niveaux de crise. L'Afrique perd au moins 100 milliards de dollars par an suite au vol, à l'abus des ressources de l'État et aux flux financiers illicites. Telle est une somme d'argent massive que l'Afrique pourrait mettre à profit, pour par exemple l'amélioration de l'éducation et des systèmes de santé, ce qui permettrait de sauver la vie de 2,9 millions d'enfants par an et d'assurer de meilleures perspectives pour l'avenir de l'Afrique. Les ressources perdues signifient aussi des pertes d'opportunités d'investissement et de création d'emplois dans une région où l’explosion demographique des jeunes est devenue une poudrière politique, en particulier dans les espaces urbains.
« Théoriquement, nous avons de bonnes chances d'utiliser les traités, les lois et les institutions pour lutter contre la corruption, mais en réalité nous n'avons jamais gagné la bataille pour de nombreuses raisons, dont le manque de volonté politique », a déclaré Don Deya, Directeur exécutif de l’ Union panafricaine des avocats.
Ce n’est pas seulement l'extraction des ressources financières des coffres du gouvernement, par le vol et la corruption politique à grande échelle, qui a sucité des inquiétudes chez les participants. Les participants ont tiré la sonnette d’alarme face à la pratique croissante de la prolongation des mandats qui, selon eux, devient rapidement une menace pour les aspirations à la paix, à la sécurité et au développement de l'Afrique. Ils ont déclaré que des pratiques de corruption étaient utilisées pour manipuler les constitutions et les lois électorales pour mettre à mal la volonté du peuple. Des pays comme la Gambie, le Burundi, la RDC, le Congo Brazzaville, sont des exemples.
« La corruption ne consiste pas seulement à piller les coffres publics à travers des activités néfastes, mais à abuser et à manipuler des instruments réglementaires et des institutions comme les parlements, les systemes judiciaires, les armées, les commissions électorales pour voler les élections et se maintenir au pouvoir avec des gens de sa famille et de son groupe ethnique pour continuer à contrôler les ressources », a déclaré Jeggan Gray-Johnson, coordonnateur du programme ‘Plaidoyer et communications’ pour le Bureau de la Fondation Open Society pour la région Afrique.
La réunion, axée sur le thème « Unis contre la corruption pour le développement, la paix et la sécurité », a coïncidé avec la fin du mandat des membres du Conseil consultatif sur la corruption en Afrique dont le siège est à Arusha. Ce conseil d'administration a pour mission d'aider les États membres de l'UA qui ont ratifié la Convention de l'Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (CUAPLC) à mettre en œuvre le Traité. Mais cela a été un défi : 37 États membres de l'Union africaine ont ratifié la CUAPLC, mais l'efficacité de la mise en œuvre des aspects très fondamentaux de la Convention laisse à désirer. Selon les participants, le CCUAC n'a pas les moyens de sa politique. Ils ont donc demandé à l'UA de veiller à ce qu'un financement adéquat soit accordé au Conseil, en expliquant que, puisque l'Afrique perd des milliards de ressources, un investissement pour arrêter cette hémorragie serait une première étape nécessaire pour contrer la crise. Ils ont demandé aux États parties à la CUAPLC de verser chacun 250 000 $EU par an pour financer le mandat du CCUAC. Ils souhaitent également que le Conseil soit réaliste et fonctionnel, et ils ont demandé une prolongation immédiate de son mandat à six ans au lieu des 24 mois qu'il a actuellement et que plusieurs d’entre eux ont jugé très insuffisant.
« Le Conseil a besoin d’être soutenu par un mandat solide et un appui financier pour pouvoir s'attaquer à la corruption en Afrique, et nous saluons ces changements concrets et de grande portée demandés maintenant par les OSC et les mouvements sociaux africains », a indiqué le Hon. Daniel Batidam, président du CCUAC.
Les participants ont déclaré qu'il était urgent pour le CCUAC de promouvoir aussi une culture pour une politique d'accès à l'information au sein de la Commission de l'UA et de ses organes en tout temps. Ils ont exhorté la Commission de l'Union africaine à appuyer l'appel lancé par le CCUAC pour que l'UA déclare 2018 « Année de la lutte contre la corruption en Afrique ».
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Qui :
Le Bureau de la Fondation Open Society pour la région Afrique – BRA – travaille avec les organisations nationales de la société civile pour entreprendre des audits systématiques de la performance des gouvernements dans la gestion des élections et la lutte contre la corruption. Il mène également des activités de plaidoyer et aide la société civile à mieux collaborer avec les institutions panafricaines régionales et continentales dans les domaines thématiques suivants : la citoyenneté et le droit à une nationalité ; les élections; la justice internationale ; la participation des jeunes ; et la sécurité alimentaire.
Le Conseil consultatif sur la corruption (CCUAC) est l'émanation de la Convention de l'UA sur la lutte contre la corruption (CUAPLC) et a été créé le 26 mai 2009 en vertu de l'article 22 (1) de cette Convention. Cet organe fonde son travail sur les dispositions de cet instrument juridique et, à cet égard, c'est la seule organisation continentale mandatée par l'Union africaine pour traiter de la corruption et des thèmes connexes en Afrique.
http://www.auanticorruption.org.
L’Union panafricaine des avocats – PALU – est un forum continental d’adhésion pour les avocats et associations d'avocats africains. Elle a été fondée en 2002 par des dirigeants de barreaux et d’éminents avocats africains, dans le but de refléter les aspirations et les préoccupations des africains et de promouvoir et défendre leurs intérêts communs. Elle regroupe les cinq associations régionales d'avocats du continent, plus de cinquante-quatre associations nationales d'avocats et plus de 800 avocats individuellement. La vision de PALU est de voir une Afrique unie, juste et prospère, bâtie sur l'état de droit et la bonne gouvernance. Sa mission est de faire avancer le droit et la profession juridique, l'état de droit, la bonne gouvernance, les droits de l'homme et des peuples et le développement socio-économique du continent africain.
Pourquoi :
L’appui aux institutions étatiques qui ont le mandat, l'autorité et les attentes pour s'attaquer à la corruption a généralement manqué. Les organismes de lutte contre la corruption continuent de fonctionner avec des mandats et des budgets insuffisants et une indépendance et des capacités limitées. La surveillance parlementaire reste aléatoire, car les dirigeants puissants et autoritaires dominent la prise de décisions et la nomination de hauts fonctionnaires dans des institutions de lutte contre la corruption, dans des agences de réglementation, au système judiciaire et dans d'autres institutions publiques et privées conçues pour défendre et promouvoir la bonne gouvernance et la pratique démocratique. Ce forum vise à élever et à donner la priorité aux domaines thématiques fondamentaux pour que les États parties et les acteurs non-étatiques interviennent dans le secteur de la transparence et au-delà. Les organisations religieuses, le secteur des entreprises et les groupes des jeunes font l'objet d'une attention particulière, car ils constituent un secteur essentiel de la population qui n'a pas été systématiquement et efficacement impliqué dans la stratégie collective de lutte contre la corruption, alors que ces groupes prouvent actuellement qu’ils sont plus pertinents et s’expriment haut et fort contre la corruption et l'impunité en Afrique.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter les personnes suivantes :
À Johannesburg, Jeggan Grey Johnson – Mobile + 27 836 200578- courriel : jeggangj@osisa.org
À Arusha, Jancelline Amsi – Mobile :+255 27 254 3192 courriel : jamsi@lawyersofafrica.org
À Kampala, Sarah Pacutho courriel : s.pacutho@ngoforum.or.ug
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Site internet : http://corruptionfreeafrica.org